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LA GESTION ACTIVE EST MORTE ! VIVE LA GESTION ACTIVE !

ETF vs. Gestion active

Il y a des disparitions dont il faut se réjouir en tant qu’investisseur. Le succès croissant des ETF, ces fonds indiciels cotés et peu coûteux, transforme profondément le paysage de la gestion. Il s’agit véritablement d’une révolution dont nous ne mesurons pas encore toutes les conséquences. La gestion dite « active » promet de faire mieux qu’un indice de référence en utilisant diverses méthodes basées sur la macro-économie, une connaissance approfondie des entreprises, l’analyse graphique… De son côté, les ETF promettent « simplement » une réplication quasi-parfaite d’un indice.

On aurait pu imaginer que gestion active et passive cohabitent paisiblement. Si cela a été le cas avant la crise de 2008, ce ne l’est plus pour deux raisons. L’offre ETF a évolué ces dernières années. La couverture du marché est complète. Pour ainsi dire, tous les indices, qu’ils soient large ou pointus, ont un ou plusieurs ETF qui les « trackent ». Mais, c’est surtout l’émergence du « Smart Beta » qui constitue une concurrence frontale pour la gestion active. Les ETF « Smart Beta » permettent d’accéder à des styles de gestion, comme la « value » (sociétés sous-valorisées), le « momentum » (titres dont la dynamique haussière est forte)… de manière transparente et peu coûteuse. Elle constitue en réalité une systématisation du travail réalisé par un gérant de fonds actif qui d’une manière explicite ou implicite possède une exposition à un ou plusieurs de ces style. L’ironie de la situation vient du fait que de nombreux gérants actifs cherchent à tirer profit des avancés technologie, de l’automatisation pour créer de la performance. Ils en sont maintenant la victime.

Mais la gestion active a également sa part de responsabilité dans son déclin. Depuis les années 1980, elle s’est concentrée sur la performance relative à un indice plutôt qu’une performance « raisonnable » adaptée à l’investisseur. Elle s’est focalisée sur la performance de court terme en sacrifiant, sans le vouloir, celle de long terme pourtant attendue par la plupart des investisseurs. Elle a alimentée une concurrence ridicule afin d’apparaitre favorablement dans des classements scrutés fébrilement par des investisseurs ayant besoin de justifier leur choix. Elle s’est « benchmarkée ». Afin de ne pas s’écarter des indices, elle s’est affadie. Enfin, elle a cherché à systématiser sa gestion. On peut le comprendre. Le meilleur moyen de convaincre un investisseur d’acheter une gestion active est qu’il pense que les bonnes performances passées ont été obtenues grâce à une méthodologie éprouvées et sont donc reproductibles. C’est pourtant très rarement le cas. Les investisseurs oublient trop vite que « les performances passées ne sont pas garantes des performances à venir » comme le rappelle l’AMF (Autorité des Marchés Financiers).

Finalement, les deux univers de la gestion active et passive se sont rapprochés pour entrer en collision. Les frais élevés du premier et l’avantage de la cotation en continu du second ne laisse pas de doute sur l’issu du choc. Déjà, les alertes sont nombreuses. Aux Etats-Unis, la décollecte de la gestion active a dépassé les 1.000 milliards USD en 10 ans, alors que la gestion indicielle collectait 1.400 milliards USD. Le mois dernier, la société de gestion américaine Turner Investment (540M$ sous gestion) racheté une société de gestion d’ETF (Elkhorn Capital Group) pour abandonner son activité historique de gestion active. Cette semaine, Goldman Sachs lance une nouvelle gamme d’ETF Smart Beta dont les frais de gestion sont de 0.09 % (!), plus bas même que de nombreux ETF classiques. Cela a incité Moody’s a considéré cette initiative comme un « événement de crédit négatif » pour les fonds de gestion active.

La gestion active telle que nous la connaissons aujourd’hui va disparaitre car elle doit se transformer. Elle doit prendre ses distances au plus vite avec l’univers des ETF au risque de se faire phagocyter. Il va lui falloir se différencier, retrouver un ADN fort et présenter des performances éloignées de celles des indices. Elle devra prendre le risque de décevoir l’investisseur pour le séduire de nouveau. Les investisseurs doivent le comprendre.